Casanova, D., Artus, F., Demeuse, M.,
Maréchal, M. (2012). Comment évaluer les compétences en français académique
d’étudiants non francophones souhaitant poursuivre leures études en
France ? Actes des 47e et 48e rencontres de
l’ASDIFLE (Paris, France), 37-46.
Résumé
La part des étudiants étrangers
dans l’enseignement supérieur français est en constante augmentation depuis
1998. La plupart de ces étudiants suivant, en France, leurs enseignements en
français, la maîtrise de la langue française est un facteur qui contribue
inévitablement à leur réussite universitaire. C’est la raison pour laquelle un
niveau minimal de compétence en langue française est en général exigé lors de
l’accueil d’étudiants non francophones à l’université.
Cependant, la plupart des tests
standardisés permettant d’évaluer le niveau de compétence en langue française
des étudiants s’appuient sur des situations de communication de la vie
quotidienne et sociale. Si de tels tests permettent d’estimer dans quelle
mesure les compétences langagières d’un candidat sont favorables à son
insertion sociale, on peut s’interroger sur leur capacité à rendre compte des
compétences langagières spécifiques qui doivent être mobilisées dans l’exercice
du métier d’étudiant. En effet, « le milieu académique (de l’université ou
de l’enseignement supérieur) génère des discours très spécifiques, très
typés, et en
même temps très
divers (du syllabus
aux énoncés d’examens
en passant par
l’ouvrage scientifique) » (GLORIEUX et al. 2006 : 101) et les situations d’enseignement et d’examen
nécessitent, de la part des étudiants, la mobilisation de compétences langagières,
stratégiques et méthodologiques spécifiques.
Cette complexité langagière
concerne tout autant les étudiants francophones. Une expérimentation menée à
Liège auprès d’étudiants francophones, dans le cadre de la sélection des
étudiants en médecine, a permis de montrer que les résultats à trois épreuves mobilisant
des compétences en langue française étaient corrélés aux résultats aux partiels
de janvier des étudiants, et de constater que « plus les sous-tests
sont dégagés du
caractère scolaire au
sens strict, plus
ils intègrent des
compétences dépassant les sous-systèmes de la langue, plus ils sont
proches de la réussite académique. » (GLORIEUX et al. 2006 : 105). Ces constats montrent que l’emploi
régulier et efficace d’une langue dans les situations courantes de la vie
quotidienne et sociale (il s’agit ici, en l’occurrence, de la langue maternelle
des étudiants) n’est pas une garantie de la capacité de l’étudiant à traiter
correctement les discours universitaires, qui mobilisent différemment les
compétences stratégiques des étudiants.
Il semble donc opportun, lors de
l’évaluation en langue française d’étudiants non francophones désireux de
poursuivre leurs études en France, de les placer dans des situations qui
nécessitent la mobilisation de compétences langagières et stratégiques
semblables à celles qui peuvent être exigées à l’université pour s’assurer que
leur capacité à communiquer en langue française ne sera pas un obstacle majeur
à la poursuite de leurs études. C’est à cette fin que la Chambre de commerce et
d’industrie de Paris a élaboré, en collaboration avec l’Institut des langues
vivantes de l’Université de Liège et avec l’Université de Mons, une épreuve
écrite académique, qui consiste en un résumé d’un texte scientifique (DEMEUSE et al. 2010).
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